Les radios indépendantes demandent un soutien urgent dans leur transition numérique
Bruxelles, le 23 septembre 2021 – Radio Z, la Fédération qui regroupe 46 radios indépendantes, lance aujourd’hui l’action #JeVeuxMaRadioEnDABplus afin de sensibiliser les autorités publiques face au besoin d’apporter un soutien financier, technique et logistique pour réussir leur transition numérique, au risque de voir plus de la moitié d’entre elles disparaitre d’ici à 2030.
La richesse des radios indépendantes en Fédération Wallonie-Bruxelles
Les radios indépendantes sont écoutées chaque jour par des centaines de milliers d’auditeurs-trices en Fédération Wallonie-Bruxelles. Qu’elles soient spécialisées sur leur région, sur des thématiques musicales, sur des communautés, ou qu’elles soient associatives ou d’expression, ces radios comptent près de 2.000 salariés, indépendants et bénévoles, qui informent, divertissent et promeuvent les villes/communes, provinces et régions couvertes au sens large (culture, social, économie, associations, environnement, sport, etc.) et/ou leur communauté. Ce sont aussi ces radios qui lancent et font grandir les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ce sont elles encore qui contribuent largement à la formation d’animateurs-trices, de technicien-ne-s et journalistes.
Les radios indépendants poursuivent dès lors une mission de proximité et de service public dans diverses matières telles que l’information de proximité, la culture, l’éducation permanente, etc.
Un financement sous pression et d’autant plus avec le Covid et la transition numérique
Fortement fragilisées par la crise du Covid comme l’atteste le rapport du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) publié en février dernier, ces radios trouvent principalement leur financement dans les revenus publicitaires et la réalisation d’événements, mais aussi dans une moindre mesure grâce à des subventions communales, des cartes de membre, tenues de bars et appels aux dons.
Chaque année, le Fonds d’Aide à la Création Radiophonique (FACR) de la Fédération Wallonie-Bruxelles accorde une subvention d’un montant qui fluctue selon les rentrées publicitaires des réseaux publics et privés. En 2021, il est de 1,354 millions €. De cette enveloppe, +/- 398.000€ sont répartis entre 21 radios indépendantes ayant obtenu le statut de radio associative, +/- 558.000€ vont à la création radiophonique (projets d’œuvre et atelier de création sonore et radiophonique) et 398.000€ à la société coopérative MaRadio (réseaux publics et privés, ainsi que plusieurs radios indépendantes) pour la promotion de la transition numérique (Internet et DAB+). Cette dernière aide ne concerne pas les frais récurrents annuels des radios affiliées.
A titre de comparaison, les dotations annuelles sont de 309 millions pour la RTBF, 10.9 millions pour la presse écrite et 10.4 millions pour les télévisions locales (hors subventions communales, provinciales, région bruxelloise et Cocof). Il existe dès lors un fossé entre d’une part, les médias publics ou privés subventionnés, et d’autre part, les radios indépendantes qui ne touchent aucune subvention de la FWB voire, pour une minorité, un montant maximum de 20.000€ par an du FACR.
Le DAB+, la menace de voir disparaitre plus de la moitié des indépendantes
Suite à des demandes répétées, la Fédération Wallonie-Bruxelles a débloqué un budget d’1 million € pour que les radios indépendantes puissent financer leurs infrastructures DAB+. Une étape importante demandée et saluée par la Fédération Radio Z et ses membres. Néanmoins, rien n’est prévu pour assumer les frais récurrents annuels qui, pourtant, sont estimés entre 360.000 et 600.000€ pour l’ensemble des radios indépendantes répartis sur 12 packages de fréquences régionales, dits ‘MUX DAB+’. Pour survivre, de nombreuses radios devraient doubler leurs recettes, ce qui est inconcevable dans leur contexte.
Au-delà de ce coût, d’autres radios comme à Bruxelles et en province de Luxembourg sont bloquées pour pouvoir émettre, faute de réunir une majorité de 80% des radios pour constituer un opérateur. Et d’autres devraient émettre dans de mauvaises conditions d’écoute ou émettre sur des régions qui ne sont pas les leurs, par manque de fréquence DAB+ prévue dans leur zone de diffusion FM actuelle.
Malgré l’envoi de nombreux signaux d’alarme et nombreuses interpellations depuis plusieurs années, la situation n’évolue toujours pas. La Fédération Wallonie-Bruxelles se rend-elle compte que cela pourrait détruire la diversité de son paysage radiophonique ? Il y a urgence.
Aujourd’hui, les radios indépendantes souffrent d’une perte d’auditeurs (20% de l’écoute radio se fait aujourd’hui en DAB+ selon une étude IPSOS), de pertes économiques (les coûts du DAB+ pour le peu de radios qui y émettent, ainsi que le manque à gagner pour les radios qui n’y sont pas) et de manques de perspectives qui pourraient provoquer la disparition de 50% à 60% d’entre elles d’ici 2030.
#JeVeuxMaRadioEnDABplus : une demande de soutien urgent à la Fédération Wallonie-Bruxelles
Pour éviter un scénario catastrophe et garantir la diversité en Fédération Wallonie-Bruxelles, Radio Z, qui représente plus de la moitié des radios indépendantes, lance aujourd’hui une pétition sur le site www.jeveuxmaradioendabplus.be afin de sensibiliser les autorités publiques, en particulier la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une action soutenue par des personnalités des médias, des jeunes et moins jeunes actifs dans des radios indépendantes qui en ont fait leur métier. Parmi eux : Kim Beyns (Ngroup), Stéphane Gilbert (RTL), David Antoine (Radio Contact), Brice Depasse (Nostalgie), Philippe Deraymaeker (DH Radio), Lucas Dehoux (Fun Radio), Thomas de Bergeyck (RTL), MIKL (Virgin Radio France), Bruno Wattenbergh (RTL), Jean-Michel Zecca (RTL), etc. Sans oublier de nombreux artistes et acteurs de la culture : Kid Noize, Doria D, Daddy K, YKONS, Lucie-Valentine, Patrick Balzat, DJ Milo, Zappeur Palace, Charles Gardier (co-directeur des Francopholies de Spa), Thomas Gunzig (écrivain), etc.
La Fédération Radio Z demande d’urgence :
- Un financement annuel récurrent des radios indépendantes
- Un accompagnement plus important et une plus grande flexibilité pour constituer un opérateur DAB+ afin d’éviter tout blocage de radios aux profils différents. Et il y a entre autres également la possibilité que la Fédération Wallonie-Bruxelles désigne la RTBF, dans le cadre de son financement et son statut de service public, comme opérateur des radios indépendantes.
- L’optimisation immédiate du plan de fréquences DAB+, qui ne permet pas aujourd’hui la diffusion correcte ou la diffusion tout court des radios indépendantes.
- La révision urgente de la procédure d’attribution de financement pour toutes les radios associatives ou d’expression pour qu’elles puissent également bénéficier du DAB+.
Menacées de disparition, les radios indépendantes lancent un appel à l’aide
Elles sont pourtant les premiers partenaires de la proximité et de la diversité
La Fédération RadioZ, qui regroupe une trentaine de radios indépendantes en Wallonie et à Bruxelles, lance aujourd’hui un appel à l’aide suite à la décision du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de réduire le montant de soutien pour la transition numérique vers le DAB+. RadioZ demande aujourd’hui une aide forte des autorités publiques et une simplification des procédures.
Les radios indépendantes, garantes du lien sur le plan local et régional
En Fédération Wallonie-Bruxelles, de nombreuses communes/villes et provinces peuvent compter sur leur(s) radio(s) indépendante(s). Des radios qui, sur le plan local et régional, garantissent le relais d’informations, soutiennent la culture, les administrations communales et les commerçants locaux, renforcent le lien social sans oublier que ces radios permettent à de jeunes animateurs-trices, journalistes et professionnels et autres bénévoles de se former à leurs futurs métiers. Un métier-passion qui s’exerce avec de faibles moyens et le plus souvent sans subside récurrent contrairement à des pays voisins, entre-autre la France.
Leur avenir sur le DAB+ ? Oui, mais la transition numérique est impayable
Le 4 novembre 2019, le DAB+ (Digital Audio Broadcast) a été lancé en Fédération Wallonie-Bruxelles suite au choix du gouvernement d’en faire sa norme pour l’écoute de la radio. Cette technologie numérique est vouée à remplacer la FM pour écouter la radio gratuitement avec une qualité audio supérieure. Mais là où le bât blesse, ce sont les coûts de l’infrastructure et de fonctionnement qui ne peuvent tout simplement pas être supportés par les radios indépendantes. « Dans certains cas, ce serait demander aux radios indépendantes de devoir doubler ou tripler leurs chiffres d’affaire », précise Philippe Sala, représentant de RadioZ.
Comprenant cette réalité, le gouvernement précédent, avait inscrit au budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles 1 million d’euros pour l’investissement de l’infrastructure des radios indépendantes en DAB+. C’est évidemment totalement indispensable, mais malheureusement insuffisant entre autres vu les optimisations des couvertures des zones à couvrir et des frais récurrents nécessités par le DAB+.
A ce jour, il existe de plus une réelle iniquité entre les radios indépendantes et ses concurrents, les réseaux privés et la RTBF. Alors que les premières n’ont pas encore leurs accords de diffusion et ont besoin d’un soutien public pour émettre sur cette nouvelle technologique, les autres fêtent joyeusement leur première année de diffusion en DAB+.
« S’il n’y a pas de solutions constructives et rapides, cela signe tout simplement l’arrêt de mort des radios indépendantes et associatives, car si elles n’ont pas les moyens d’accéder au DAB+, leur écoute se réduira petit à petit pour disparaître in fine. » déplore Philippe Sala.
Des solutions existent, ayons de l’imagination !
A titre d’exemple, la RTBF, avec son expertise technique, ses infrastructure existantes et son matériel, qui joue déjà le rôle d’opérateur technique pour elle-même et les réseaux privés, pourrait devenir opérateur des radios indépendantes avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Aujourd’hui, pour restaurer une réelle équité et sauver les radios indépendantes, la Fédération RadioZ demande à la Fédération Wallonie-Bruxelles de revoir leur décision de diminuer de moitié les subsides destinés aux radios indépendantes. « Il est indispensable au contre de renforcer le financement des frais d’infrastructure et de prévoir des soutiens récurrents ainsi que les optimisations pour que l’écoute de nos radios soit optimale sur leur zone de service. »
D’autres soucis spécifiques pour des radios indépendantes associatives
Cette année, brutalement, une série de radios associatives, pour la plupart reconnues depuis des années, se sont vu refuser inéquitablement le subside annuel du FACR (Fond d’aide à la création Radiophonique) qui soutient financièrement chaque année une série de radios dites associatives et d’expression. La raison : un manque d’argent disponible au FACR suite au financement généreux au profit de la SCRL ma radio.be qui fait la promotion du DAB+. Un comble puisque ce budget ne profite qu’aux réseaux privés et à la RTBF qui sont seuls à émettre en DAB+ depuis plus d’un an.
La Fédération RadioZ se pose donc légitimement une question : La diversité du paysage radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles va-t-elle disparaitre ?
La crise du Covid-19 met à mal la survie des radios indépendantes et le DAB+
La Fédération RadioZ, qui regroupe une trentaine de radios indépendantes en Fédération Wallonie-Bruxelles, publie aujourd’hui les résultats d’une étude réalisée auprès des radios indépendantes et tire la sonnette d’alarme quant à leur pérennité. Avec la crise du Covid-19, certaines pourraient ne pas survivre tandis que d’autres envisagent d’abandonner la diffusion en DAB+, une technologie pourtant vouée à remplacer la FM d’ici quelques années.
Un service public qui assure proximité et diversité
Les radios indépendantes représentent aujourd’hui 12% de l’audience radio en Belgique francophone, sont soutenues par de nombreux bénévoles (une trentaine en moyenne par station) et créent également de nombreux emplois. Ces radios assurent un service public alliant proximité et diffusion des artistes locaux et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans la situation de confinement, ces radios locales sont par exemple les seuls médias à relayer gratuitement des informations de proximité d’intérêt général et des initiatives solidaires émanant d’administrations communales et d’autres acteurs locaux de leur région. De plus, elles diffusent gracieusement diverses campagnes d’information et de sensibilisation par rapport au Covid-19.
La crise fragilise grandement les radios indépendantes
Si ces radios remplissent une mission indispensable dans les régions qu’elles couvrent, les conséquences du Covid-19 font apparaître de graves difficultés qui vont jusqu’à mettre en péril la viabilité d’un très grand nombre d’entre elles. Leurs revenus annuels, qui varient entre 10.000 et 400.000 euros, reposent sur la vente d’espaces publicitaires locaux, l’organisation ou l’animation d’événements, la tenue de bars, la vente de cartes de membres, etc. voire de subsides communaux, provinciaux, ou universitaires dans certains cas.
Sans surprise, les nombreuses radios qui ne vivent que de rentrées publicitaires, d’événements ou de bars sont fortement impactées par l’annulation de nombreux événements jusqu’à septembre (au moins) et par le confinement que l’on connaît depuis le mois de mars. Pour les radios existant depuis le plan de fréquences 2008 ou avant, la perte annuelle est estimée à 50% en moyenne et va jusqu’à atteindre 80% du revenu annuel. Pour celles qui ont été autorisées en juillet dernier avec le nouveau plan de fréquences, la perte estimée pourrait atteindre 100%.
D’autres plus minoritaires, appelées associatives, reçoivent un subside annuel de plus ou moins 20.000€ de la FWB. Celles-ci sont donc moins menacées si ce n’est qu’elles risquent de voir leur subside fortement diminuer. En effet, celui-ci est payé par le FACR (fond d’aide à la création radiophonique) selon un pourcentage des recettes publicitaires de la RTBF et des réseaux privés, qui seront également en baisse pour cette année.
Un soutien public indispensable
La viabilité de très nombreuse radios indépendantes est donc menacée avec toutes les conséquences pour la diversité du paysage radiophonique, les auditeurs, les bénévoles et les personnes rémunérées.
Jeudi dernier, la ministre Linard, en charge de l’Audiovisuel en Fédération Wallonie-Bruxelles, a toutefois annoncé un plan de soutien de 3 millions d’euros pour indemniser les médias dont la viabilité est menacée en raison de la crise du Covid-19, et s’est aussi notamment engagée à acheter des espaces publicitaires pour une campagne de communication d’intérêt public dans l’ensemble des médias. « C’est une bonne nouvelle pour les radios indépendantes », se réjouit Philippe Sala, porte-parole de Radio Z. « Nos radios membres attendent à présent les modalités pratiques pour pouvoir solliciter cette aide indispensable ».
Par ailleurs, la Fédération Radio Z insiste sur d’autres mesures qui devraient être prises par la ministre et le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
- La garantie que toutes les radios indépendantes associatives restent subsidiées à la même hauteur jusqu’à l’annuité de 2021, et ce quels que soient les montants des rentrées publicitaires des réseaux privés et de la RTBF que le FACR va redistribuer. Payé au début de cette année, le montant du subside 2018 s’élevait à 22.014,76.
- La garantie d’un subside annuel récurrent de 10.000€ à toutes les radios indépendantes non associatives pour leur permettre de couvrir une partie des frais de base indispensables à leur survie et ainsi garantir la diversité du paysage radiophonique de la FWB.
- L’intervention promise par la Ministre de l’audiovisuel auprès du fédéral en ce qui concerne ses compétences mais aussi auprès des sociétés en charge des droits d’auteurs (Sabam) et droits voisins (PlayRight) pour demander à titre exceptionnel que ces organismes annulent les redevances 2020. Les radios indépendantes font en effet de leur coté déjà un maximum pour mettre en avant la création artistique auprès de leurs auditeurs au quotidien pour soutenir les artistes et créateurs.
La diversité du DAB+ est clairement en danger
Dans ces conditions, les radios n’imaginent pas un avenir très rose en DAB+. 50% des radios répondantes affirment ne pas pouvoir se permettre de lancer leur diffusion en DAB+ et 42% comptent se lancer, mais non sans un possible retour en arrière dans le cas où leurs finances ne leur permettent plus d’assurer les coûts récurrents liés à la diffusion en DAB+.
Cette norme étant préconisée à l’échelle belge et européenne pour remplacer à terme la FM, un subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour couvrir les investissements de départ, a été obtenu suite aux demandes de la Fédération RadioZ, mais est toujours bloqué à ce stade. Les radios indépendantes sont donc autorisées en DAB+, mais n’ont toujours pas la possibilité d’y émettre. De plus, la quasi-totalité des radios indépendantes craignent de ne pas pouvoir assumer les coûts annuels récurrents tels que les locations de sites d’émission, la consommation électrique de la technologie l’entretien du matériel et la rémunération des droits d’auteurs…
Philippe Sala insiste dès lors sur « l’indispensable nécessité que la Fédération Wallonie-Bruxelles prenne en charge les frais annuels récurrents, à payer à l’opérateur futur, pendant cette première période de 9 ans d’autorisation à émettre en DAB+. Cette norme reste une nécessité pour les radios indépendantes intéressées et une solution pratique doit être trouvée rapidement pour arrêter l’iniquité actuelle face aux réseaux privés et la RTBF, qui y émettent déjà depuis plus d’un an ! Il ne faudrait pas que la crise du Covid-19 retarde encore plus l’installation et empêche même certaines radios d’opter pour le DAB+ choisi comme nouveau standard par la Fédération Wallonie-Bruxelles. »